JOUE À FOND avec
Dizzy Fae

Suis notre série d’entrevues exclusives avec nos artistes de la campagne d’été alors que nous discutons de musique, d’inspiration, d’identité et d’amour de soi. Regarde la vidéo, inspire-toi et monte le volume!

Q. Parle-nous de ta tenue.

R. C’est littéralement du GARAGE de la tête aux pieds, même les souliers. J’ai aussi ajouté un peu de couleur argent pour compléter le tout. J’ai Dizzy Fae sur mes ongles et je suis bien dans mon corps. Donc...

Q. Comment décrirais-tu ton style?

R. Je le décrirais comme étant très authentique. Je porte toujours ce que j’appelle ma tenue fantôme. Si c’était ma dernière journée sur terre, c’est ce que mon fantôme porterait. Et je me demande : « Est-ce que je serais contente de porter ça? »

Q. Ça serait quoi pour toi le look fantôme parfait?

R. J’aime beaucoup les chemises boutonnées à motif dragon. C’est comme si un homme de 40 ans jouait encore aux cartes Yu-Gi-Oh. Si tu connais ça, tu sais de quoi je parle. Donc, une chemise comme ça avec des pantalons amples. Et mes bagues. J’ai des bottes que je porte tout le temps. Elles sont super usées, le talon est complètement décollé, mais je les aime tellement. Et quand je n’ai pas de tresses, j’ai un gros afro. Je dirais que c’est ma tenue fantôme parfaite, mais tu sais quoi? J’ai beaucoup de vêtements dans ma garde-robe, donc c’est ce que je porterais en ce moment, mais le jour venu, je pourrais porter une tenue totalement différente.

Q. Ça serait vraiment cool si nos fantômes étaient sans genre, tu ne trouves pas?

R. Oh, absolument. Le genre, c’est juste un concept. Je suis contente qu’on mette ça en lumière en ce moment. Je veux dire, tu peux maintenant inscrire un X sur ta carte d’identité pour indiquer que tu es non-binaire. Je trouve ça pas mal progressiste. Je respecte ça.

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Q. Parle-moi de ton parcours pour devenir musicienne. Tu as suivi une formation classique, n’est-ce pas? Tu fais ça depuis longtemps?

R. Au secondaire, j’ai eu une formation vocale pendant quatre ans dans un conservatoire. Si j’étais allée à l’université, je serais probablement chanteuse d’opéra aujourd’hui. Mais je n’ai jamais pensé aller à l’université, pour être vraiment honnête! J’entraîne ma voix depuis un bon moment et je suis à un stade de ma vie et de ma carrière où je sais exactement ce que je veux comme son. Je suis actuellement en studio et je suis productrice. Je sais ce qui se passe, je sais comment diriger. Être musicienne, c’est bien plus que de chanter. J’ai encore des croûtes à manger, par contre. Je n’ai pas beaucoup d’expérience. Mais c’est pareil comme dans la vraie vie. Je peux bien faire toutes ces choses, du haut de mes 22 ans, mais ça ne veut pas dire que je ne vais pas évoluer au cours de ma vie. Même si je me sens experte dans quelque chose, il y aura toujours quelqu’un qui en saura plus que moi.

Q. Tu as écrit ta première chanson à 16 ans. T’en souviens-tu?

R. Mm-hmm. Elle s’intitulait « Color Me Bad ». Je l’ai écrite dans ma salle de bain. Cette pièce, c’était comme un sanctuaire. Je ne n’avais pas la situation familiale la plus joyeuse, mais je savais que quand j’étais dans la salle de bain, personne ne pouvait me toucher. Personne ne pouvait y entrer, personne ne pouvait m’ennuyer. « Color Me Bad » est une bonne première chanson. J’en suis très fière.

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Q. Où trouves-tu ton inspiration maintenant?

R. Je m’inspire du monde qui m’entoure. C’est le moment qui m’inspire!

Q. Comment te sens-tu quand tu mets une chanson en ligne et que tu vois comment les autres l’interprètent?

R. Quand je vois les gens danser au son de ma musique, je me sens validée. Je me sens humaine. Je me sens vue. Je me sens aimée. Je n’ai pas grandi avec tout ça. Donc, recevoir ça de la part de gens que je ne connais même pas... Je ne sais même pas comment expliquer l’amour que je ressens.

Q. Quel conseil donnerais-tu à la jeune Dizzy?

R. Continue d’être toi-même, même si ça met les gens mal à l’aise. C’est correct. Et je pense que je lui dirais aussi : « Tout va fonctionner, exactement comme tu le désires. Tu seras aussi populaire que tu le souhaites. » Je lui dirais aussi « Je t’aime ». Je dirais aussi « Tu seras super jolie plus tard. » Je dirais aussi « Tu es gaie ». Je me dirais tellement de choses, je devrais écrire une lettre... Je deviens émotive quand je pense à la jeune Dizzy, parce que je me dis « Elle ne sait même pas... » Elle ne sait même pas qu’on est à Malibu en ce moment. Elle ne sait même pas qu’on est avec GARAGE. Elle ne sait même pas qu’elle fait ce qu’elle veut.

Q. Peux-tu nous parler un peu plus de ton expérience de t’identifier en tant que personne queer dans l’industrie de la musique?

R. Mon parcours en tant que personne queer dans l’industrie de la musique a été un grand succès. La communauté queer est tellement réceptive à tout ce que je fais. Ses membres sont de grands fans de ce que je fais. Je suis moi-même une grande supportrice de la communauté queer et elle m’appuie en retour. Bref, il y a beaucoup d’amour. Je n’ai pas à me plaindre! Je suis queer et je m’assume.

Q. Sens-tu que les gens veulent t’habiller d’une certaine manière, de la façon dont une personne queer devrait s’habiller selon eux?

R. Oui. Je pense que c’est intéressant de voir comment les gens essaient de comprendre le fait d’être queer en l’associant à la sexualité. Être masculine ou féminine n’a rien à voir avec être queer... et en même temps ça a tout à voir avec ça. C’est intéressant de voir comment les gens jonglent avec ça quand ils sont avec moi. Je suis une personne très fluide et je sais ce que je veux. Et si je ne veux pas quelque chose, je vais dire NON. Et personne ne pourra me faire changer d’idée.

Q. Changeons de sujet un instant. Comment te sens-tu quand tu performes sur scène?

R. Être sur scène me ramène à ma salle de bain, mon sanctuaire. C’est l’endroit où je me sens en sécurité. Performer, c’est tout pour moi. Je suis une artiste. Soleil en Lion, lune en Cancer.

Q. Quelle est la chose que tu aimes à propos de toi et que tu ne voudrais jamais changer?

R. Ce que j’aime à propos de moi et que je ne voudrais jamais changer, c’est mon acceptation de moi. Je m’aime vraiment. Point final. Et je pense que ça m’aidera à passer à travers n’importe quoi dans ma vie. Ça m’aidera à coexister, dans les relations que j’entretiens avec les autres, avec moi-même, avec mon esprit, avec mon corps. Ça me permettra de me parler de manière positive. Ça me permettra d’aimer de manière authentique. Je pense que je ne voudrais jamais arrêter de m’aimer autant.

Q. Peux-tu nous parler de ta pièce « I’m Good »? L’idée que les gens peuvent se sentir bien même s’ils vivent un traumatisme. Comment es-tu passée à travers la dernière année? Tu étais en plein dedans?

R. J’ai écrit « I’m Good » au début de la pandémie. J’aime manifester mes intentions et je pense que les mots sont très puissants. Ce qu’on se dit à soi-même peut avoir beaucoup d’impact. Je voulais écrire une pièce dans laquelle les gens entendraient constamment : « Imma be okay, Imma be okay » (tout va bien aller, tout va bien aller). Les expériences traumatisantes ne s’envolent pas comme par magie. Le deuil se fait à son rythme.

La COVID-19 n’a pas été facile. Ce n’était pas facile. Je vivais à quelques coins de rue d’où George Floyd a été tué. Donc, cet été, j’ai eu la réflexion suivante : « Je pourrais mourir ». Je pense que les gens doivent avoir une chanson comme celle-là qu’ils peuvent écouter, sur laquelle ils peuvent chanter, qu’ils peuvent se répéter à eux-mêmes. Je pense que c’est très puissant. Et j’ai très hâte de la chanter sur scène.