JOUE À FOND avec
Lolo Zouaï
Suis notre série d’entrevues exclusives avec nos artistes de la campagne d’été alors que nous discutons de musique, d’inspiration, d’identité et d’amour de soi. Regarde la vidéo, inspire-toi et monte le volume!
Q. Parle-nous de ta tenue.
R. Je porte une belle petite veste et une jupe de tennis. Le vêtement que j’aime le plus porter, c’est la jupe de tennis, surtout quand je suis sur scène, avec de grosses bottes. Ça me fait sentir très puissante.
Q. Comment te sens-tu quand tu es sur scène?
R. Quand je performe, c’est le seul temps où je suis dans le moment présent. Et le contact visuel avec les fans, c’est ce qui en vaut la peine. Évidemment, il n’y a rien de tout ça en ce moment. Mais bientôt...
Q. Est-ce que les gens font quelque chose avec ta musique en ligne, sur TikTok, par exemple? Comment te sens-tu?
R. Oui, ma musique commence à prendre son envol sur TikTok, mais je viens juste de commencer. Ça ne m’intéressait pas vraiment avant, mais j’ai fini par faire une vidéo drôle qui est devenue virale et je me suis dit, « OK, là je suis motivée ».
Q. Parle-moi un peu plus de tes origines et comment tu es devenue musicienne.
R. Je suis Française du côté de ma mère. Je suis née à Paris. Et je suis Algérienne du côté de mon père. J’ai grandi à San Francisco. J’ai donc un peu des trois cultures, mais je ne parle pas arabe parce que mon père ne m’a jamais appris. J’ai commencé à chanter quand j’étais petite, et j’ai ensuite commencé à écrire de la musique. J’ai fait plusieurs spectacles amateurs au secondaire et après je suis déménagée à New York. C’est là que j’ai rencontré tout le monde à KidSuper. Je suis déménagée dans cet immeuble avec cinq gars qui m’ont montré comment faire ma musique de manière indépendante, parce que je n’avais pas encore réalisé que c’était possible de le faire. Je mettais donc ma musique sur TuneCore et elle est devenue virale. Je me suis dit « OK, comment je peux en faire mon métier? Parce que c’est ce que j’ai toujours voulu faire. » J’ai donc créé mon propre site Web, mes séances de photos, mes vidéos. J’éditais toutes mes vidéos et mes visuels pour ma tournée. Je faisais tout moi-même parce que je n’avais pas d’équipe. J’avais juste mon gérant, Doug. Maintenant, j’ai une équipe, mais je fais encore beaucoup de choses moi-même.
Q. Lesquelles de tes chansons sont les plus personnelles?
R. Mes chansons les plus personnelles sont Desert Rose (rose du désert), High Highs to Low Lows (Des hauts très hauts et des bas très bas) et Summers in Vegas (Étés à Las Vegas). Summers in Vegas est à propos de mon père, même si la pièce est souvent ajoutée à des listes de lecture romantiques. Desert Rose est également très personnelle. Elle parle de ma famille en Algérie et des différences culturelles. Et finalement High Highs to Low Lows traite des débuts de ma carrière et du fait d’être aveuglée ou dupée par des gens qui m’ont promis de faire ceci ou cela. Quand j’ai terminé d’écrire cette chanson, j’ai réalisé que je n’avais pas besoin de l’aide des autres et que je pouvais y arriver par moi-même. Donc ce sont ces trois chansons-là.
Q. Est-ce que cette pièce parle d’autre chose?
R. High Highs to Low Lows ne traitait pas seulement de santé mentale, mais aussi de la dualité entre le luxe et les grands hôtels, et mon boulot dans la restauration. Je travaillais chez Bareburger et j’étais hôtesse chez Pizza Beach, deux restos de New York. Une journée je pouvais être sur un yacht avec des célébrités, et le lendemain je rentrais travailler chez BareBurger avec la gueule de bois. Et c’est aussi à quel point j’étais pleine d’espoir, puis réduite à néant. J’apprends donc à ne plus avoir d’aussi grandes variations d’émotions et ce sera d’ailleurs le sujet de mon deuxième album qui sortira cet automne.

COOL. SOIS
TOI-MÊME.

COOL. SOIS
TOI-MÊME.
Q. Peux-tu nous parler du sentiment que tu ressens quand tu performes sur scène?
R. Toute ma vie, performer sur scène a été ma plus grande peur. Je savais que je voulais chanter, mais j’étais terrifiée. J’ai même fait les auditions d’American Idol quand j’avais 15 ans. En attendant leur audition, il y avait un groupe de personnes qui chantait. Et ma mère m’a dit : « Va chanter avec eux. » Et je lui ai répondu « Non, je ne peux pas. ». Encore aujourd’hui, je me sens aussi timide. Mais quand tu sais que tes fans t’attendent et qu’ils connaissent ta musique, c’est pas mal moins épeurant. Quand tu joues en première partie d’un autre artiste, c’est un peu plus terrifiant, mais avant d’entrer sur scène, je fais un genre de black-out (pas à cause de l’alcool). Et après, je suis très tranquille parce que je donne tout ce que j’ai sur scène.
Q. Selon toi, quel est le lien entre la musique et l’été?
R. L’été, on se sent libre. Premièrement, on n’a pas d’école, ce qui est génial. Ensuite, la température est superbe, ce qui fait qu’on a envie d’écouter de la musique. On dirait qu’il y a quelque chose dans l’air l’été. La musique est intimement liée à la température : de la musique triste quand il pleut et de la musique joyeuse quand il fait soleil.

Q. Qu’est-ce qui constitue une bonne liste de lecture d’été selon toi?
R. Une bonne liste de lecture d’été est composée de chansons rythmées. Pas de musique triste. Rien de mélancolique, pas d’intro interminable. Et il faut absolument du Megan The Stallion.
Q. Comment décrirais-tu ton style?
R. C’est à San Francisco que j’ai découvert mon style, en observant les gens dans la rue. Il y a quelque chose de spécial à propos des filles de San Francisco et de Bay Area. Je dirais que c’est un mélange entre le look sport et le style « friperie ». J’aime beaucoup porter des jupes de tennis. J’aime les pantalons amples. J’aime le look garçon manqué : chemises surdimensionnées ou vintage, et beaucoup de blousons de moto. J’ai des tonnes de blousons de NASCAR. Je les ai comptés, je pense que j’en ai 15. J’en ai acheté un au Japon, un en Corée, un à New York et un à San Francisco. Chaque pièce de vêtement a une valeur sentimentale pour moi.
Q. Qu’est-ce qui est le plus important pour toi en ce moment?
R. En ce moment, ce qui est le plus important, c’est mon bonheur. L’année dernière, j’ai dû faire face à des problèmes de santé mentale et commencer une thérapie. Aujourd’hui, je sens que tout est sous contrôle et que je suis capable de me concentrer sur mon bonheur, parce que j’ai réalisé que quand t’es une personne créative et que tu es heureuse, tu seras inévitablement plus créative. Je me forçais à être créative, mais c’était difficile. J’étais concentrée sur le fait que je ne pouvais pas écrire au lieu de travailler sur mon bonheur.

Q. Donc tu pensais pouvoir être créative seulement quand t’étais déprimée… et tu as réalisé que ce n’était pas le cas.
R. Ouais. Je ne pense pas que ce soit sain de devoir être déprimée ou de vivre dans le chaos pour être créative. Je pense que beaucoup de personnes créatives pensent de cette façon, mais ce n’est pas sain ni durable. Être heureux, c’est bien plus cool que d’être triste. Quand on est déprimé, c’est facile de s’enliser.
Q. Trouves-tu que dernièrement, le monde parle plus facilement de santé mentale?
R. La santé mentale est devenue un sujet populaire. J’espère que quand les gens en parlent, ils ne le font pas juste pour faire partie du mouvement. Je sais que certaines personnes pensent que c’est une tendance, mais la santé mentale n’est pas une tendance. On a grandi avec la technologie, on a les yeux rivés en permanence sur nos écrans de téléphone. Tout le monde va finir par être déprimé parce qu’on ne vit pas vraiment. C’est plus facile de demander de l’aide maintenant qu’autant d’artistes musicaux parlent de dépression. Il ne devrait pas y avoir de honte autour du fait de demander de l’aide.
Q. Trouves-tu que les musiciens ont beaucoup de pression — spécialement avec les médias sociaux — à toujours être de bonne humeur?
R. Je pense qu’il y a une certaine pression, en tant qu’artiste, à montrer son côté joyeux sur les médias sociaux. Mais je pense aussi qu’il y a tellement d’artistes cool qui se montrent en train de pleurer ou de passer une mauvaise journée. Et je remarque que ce sont les publications qui touchent le plus les gens. Mais moi j’ai de la difficulté à montrer ce côté. Je me dis « Je vais le chanter à la place et je vais montrer mon côté loufoque sur Instagram ».
Q. De quoi es-tu le plus fière?
R. Ce dont je suis le plus fière, c’est de mon album, High Highs to Low Lows… et je réalise maintenant que j’en profite. Je suis fière de l’œuvre que je réalise. Je suis fière d’avoir mon propre appartement, de payer le compte de téléphone de ma mère. Les choses vont bien. Je prends soin de moi et je n’ai besoin de personne. J’aime qu’on m’aide, mais je n’en ai pas besoin. Et j’ai de bons amis, ma famille est en bonne santé, donc tout roule.
Q. Que fera Lolo en 2031?
R. J’aurai quel âge à ce moment-là? J’espère relaxer dans une maison que j’aurai achetée. Je ferai encore de la musique, mais je serai peut-être aussi une spécialiste des voix hors champ. Ou encore j’aurai joué dans une émission. Je serai entourée de chats. Je serai heureuse de faire de la musique. Je serai en couple… ou pas. J’aurai peut-être un Grammy. J’aimerais en avoir un, mais ce n’est pas essentiel.
Q. Quel conseil donnerais-tu à une fille qui te regarde et qui a l’impression qu’elle pourrait être toi en 2031?
R. J’ai toujours de la difficulté à penser que je suis potentiellement une inspiration pour les autres. Je lui dirais simplement d’être elle-même. Je dirais ne sois personne d’autre que toi-même, parce que ça se sent. Les gens veulent de l’authenticité. Sois toi-même, compose des chansons et pratique. Et si tu n’es pas bonne, tu peux t’améliorer. Je n’ai pas toujours été bonne. Fais confiance à ton instinct, il ne se trompe pas. Et ne signe rien avant d’avoir consulté ton avocat. Ça, c’est important.